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« J’ai bien accroché avec cette candidate, elle fait de la musique comme moi », « il a fait HEC, il est forcément bon », « Ouah ! tu as vu, il a fait trois fois le tour du monde »… vous vous entendez ? Faites-vous là du recrutement objectif ? Pourtant, vous êtes à l’écoute de vos candidats et votre jugement vous paraît éclairé. Pas de panique, on ne peut pas vous blâmer car l’inconscient vous joue des tours quand il s’agit de prendre des décisions. Et vous en ignorez souvent les astuces. Les biais cognitifs rodent, ils sont là, à tout instant, et ils viennent perturber votre jugement si précieux pour le recrutement. Zoom sur ces mécanismes dont vous devez prendre conscience pour être de meilleurs recruteurs.
La pratique du recrutement nécessite de connaître l’humain, son fonctionnement, sa psychologie. C’est d’ailleurs ce qui en fait un métier si passionnant mais également si complexe. C’est aussi la raison pour laquelle ceux qui n’ont jamais été formés à l’exercice ont tant de mal à l’appréhender. En effet, les biais qui influent notre jugement sont nombreux et il convient de bien les connaître pour en déjouer les pièges.
Mais avant toute chose, prendre conscience qu’ils existent est le premier pas vers un recrutement plus objectif. Non que la subjectivité soit mère de mauvais choix mais ces distorsions vous conduisent parfois à des jugements erronés. Alors, on ne voudrait pas vous laisser recruter un candidat pour les mauvaises raisons, ou que vous laissiez filer la perle rare pour cause d’interprétation maladroite.
Nous allons faire la lumière sur ces biais dits cognitifs, les trucs et astuces pour s’en prémunir, les outils qui peuvent vous aider dans cette démarche. Nous allons tenter de répondre à toutes les questions que vous vous posez en tant que recruteur. Faut-il nécessairement tous les éviter ? Comment recruter de manière objective ? Recruter sans biais me permet-il vraiment de recruter les meilleurs candidats ? Certains biais sont-ils liés à mon organisation ? Puis-je me former pour lutter contre les biais ? Commençons tout d’abord par une liste exhaustive de ces biais, mais avant tout revenons-en à la définition.
Selon la définition du Larousse, un biais est une distorsion, une déformation systématique d’un échantillon statistique choisi par un procédé défectueux, ou d’une évaluation – en psychologie c’est une dérivation de la pensée rationnelle. Le cognitif correspond à tout ce qui se rapporte à la faculté de connaître. Ainsi, un biais cognitif est un mécanisme de la pensée qui entraîne une déviation du jugement. Il s’agit en somme des processus qui vont permettre de donner plus ou moins d’importance à des informations reçues par le cerveau, qu’elles soient écrites, visuelles, émotionnelles et de les traiter de manière très personnelle. Car les biais sont pour la plupart inconscients et amènent les individus à faire des erreurs de perception, d’interprétation ou d’évaluation.
En effet, face à tant d’informations à traiter, le cerveau prend des libertés quant à leur traitement : il fait des raccourcis, en conserve certaines, en oublie d’autres. Ceci est dû notamment à des distorsions de la mémoire et à l’analyse en fonction de croyances personnelles. Parce que le recrutement c’est avant tout un échange d’informations que le recruteur doit trier, traiter, analyser. Sitôt celles-ci réceptionnées, un certain nombre de mécanismes inconscients se mettent en marche. Voici les principaux à retenir.
On les appelle les biais mnésiques. Ce sont les distorsions de jugement sont dues principalement à des effets de mémoire. Ils sont en général consécutifs à la lecture d’un CV ou à un échange préalable avec un candidat. Le fait est que nous avons tendance à retenir certains éléments plus que d’autres, à modifier certains souvenirs ou encore à former des généralités à partir d’un ensemble d’informations. Chacun de ces effets portent un nom – enfin plusieurs selon les écrits de recherche !
Ce biais est celui qui fait que vous aurez tendance à préférer le dernier bon candidat rencontré, pour la simple et bonne raison que son entretien est plus « frais » dans votre esprit.
Ce biais est celui qui vous fera accueillir avec un peu plus de bienveillance un candidat préalablement rencontré sur un salon par exemple, et que vous avez intégré dans votre processus de recrutement, qu’un candidat que vous découvrez pour la première fois en entretien.
Ce biais est celui qui vous fait prendre pour acquis que, si le candidat arrive en retard, il n’est pas sérieux ou bien si sa poignée de main est forte et assuré, il a certainement confiance en lui et il a du leadership !
Nous sommes attirés par les détails qui confirment nos propres croyances préexistantes. Un mécanisme légitime quand on sait que pour être convaincu, le cerveau a besoin avant tout de se sentir rassuré. Ainsi certains biais sont directement liés à nos croyances, à nos préjugés.
Ce biais est donc celui qui vous fait dire, « il partage les mêmes valeurs familiales que moi et nous avons les mêmes passe-temps, c’est le candidat idéal ! » Mais est-ce bien le plus important pour le poste ? De ce biais découle aussi le risque de clonage. Notons par exemple que les femmes ont tendance à favoriser les candidatures de femmes, les anciens d’une même école se recommandent entre eux…
Ce biais vous fera dire : « cette candidate ne fait que des sports d’équipes, elle est forcément très sociable et n’aimera pas travailler seule », « ce candidat a fait HEC, il sera plus sérieux que celui-ci qui a fait la fac ».
Ce biais fait que vous aurez tendance à percevoir un candidat avec une belle apparence physique comme quelqu’un de compétent, à l’inverse un candidat moins soigné souffrira de l’image de quelqu’un de peu rigoureux.
Nous cherchons à valider un fait qui nous a marqué, sur le CV, sur la présentation du candidat – le recruteur, sans s’en rendre compte oriente ses questions vers cette information pour confirmer son hypothèse, son a priori.
Ce biais est celui qui fait que vous formulez naturellement vos questions de manière à ce que le candidat sache exactement comment orienter sa réponse : « Vous savez utiliser Photoshop, vous êtes certainement quelqu’un de créatif ? » Le risque ? que le candidat ne se montre pas sous son vrai jour.
Vous avez l’impression d’avoir trouvé le candidat idéal en sortant d’un entretien, l’effet de contraste est celui qui vous fera aller aux entretiens suivants avec beaucoup moins de ferveur. C’est aussi l’effet qui vous fera choisir le meilleur candidat parmi les moins bons. Ce qui signifie que vous avez de fortes chances pour que le candidat ne convienne pas au poste ayant été choisi par défaut.
On le sait le recrutement est une affaire de séduction. Alors que vous tenterez de mettre en avant le poste, l’entreprise, le candidat, lui, doit vous offrir la preuve qu’il possède les savoir-faire mais aussi le savoir-être attendu dans la réalisation de ses missions. La présentation et la mise en avant des compétences mais aussi des informations susceptibles de faire pencher la balance peuvent être interpréter de manière diverse si le recruteur n’a pas conscience de certains biais.
Ce biais vous fera dire « oui mais ce candidat parle 8 langues ! » ou encore « il a traversé le Canada à vélo ». Est-ce pour autant qu’il fera un bon financier, un bon informaticien ?
Pour se prémunir contre les biais, l’entretien vidéo différé est une solution qui peut rendre votre présélection plus juste – tous les candidats sont évalués à partir des mêmes questions et selon des critères définis préalablement – et plus collaboratif puisque vous pouvez partager les vidéos et confronter vos avis avec les autres parties prenantes du recrutement.